Est-ce là un hasard du calendrier ? Alors que les vilaines loot boxes s'étaient faites discrètes durant ces dernières semaines, voilà que la mécanique qui déraye la chronique vidéoludique s'invite de nouveau sous les projecteurs de l'actualité, quelques petites heures après avoir découvert en détails le mode FUT de FIFA 22. Bah tiens.
Hier mardi 10 août 2021, des députés du Congrès américain adressaient en effet une lettre ouverte à quelques grands noms de l'industrie, afin d'alerter une fois encore sur les effets parfois dévastateurs des fameuses boîtes à butin, celles qui font plus que jamais les affaires de certains. Accessible ici-même, la salve publique s'adresse ainsi aux PDG d'Activision Blizzard, d'Epic Games, de Microsoft ou encore de Nintendo, pour n'en citer que quelques uns.
Cher tous,
Alors que les class actions et autres condamnations alertent peu à peu les pouvoirs publics sur cette mécanique mélangeant hasard et espèces sonnantes et trébuchantes, les députés Lori Trhan, Kathy Castor et le sénateur Edward J. Markley, tous démocrates, demandent aux grands de ce petit monde d'appliquer au marché américain les bonnes pratiques britanniques de l'Age Appropriate Design Code (AADC), un texte voté l'an dernier, et visant à protéger les données des jeunes enfants :
Dans 70% des familles américaines, un enfant joue à des jeux vidéo. Si le jeu en ligne peut leur profiter, les risques sont nombreux : collecte et monétisation de données, exposition à des contenus violents, prédateurs et design visant à les manipuler. La prévalence des microtransactions, parfois encouragées à grands renforts de coups de coude, ont conduit certains parents à voir leurs dépenses exploser. Les loot boxes vont encore plus loin, en les encourageant à effectuer un achat avant même de savoir ce que contient un pack d'objets.
Quan bien même ils élaboreraient et voteraient les lois, les trois parlementaires estiment que la législation en vigueur outre-Atlantique n'est plus suffisante pour répondre à cette évolution du média :
Les experts estiment que les classifications et les contrôles de l'Entertainment Software Rating Board ne sont pas suffisants. L'AADC représente ainsi un énorme pas en avant en faveur d'un design centré par défaut autour des enfants. Il est impératif que le Congrès agisse urgemment afin de promulguer une loi solide sur la protection de la vie privée des enfants et des adolescents du XXIème siècle. Nous vous exhortons à étendre aux États-Unis les améliorations apportées par l'AADC.
Le trio de greffiers enjoint ensuite chacun des 12 responsables interpellés à répondre par écrit à leur demande avant le 26 août prochain, non sans les remercier par avance. Si l'on comprendra évidemment l'inquiétude des parlementaires, on s'étonnera tout de voir une (certes petite) partie des législateurs américains demander à l'industrie d'adopter des règles votées à l'étranger pour combler un vide juridique, une mission qui leur revient.
Rappelons que malgré un rapport d'une cinquantaine de pages rendu public en 2020, le Parlement Européen n'a toujours pas examiné le moindre texte en la matière. Autant dire que le feuilleton des boîtes à butin devrait nous occuper durant encore quelques saisons. Au moins.